Je pratique le calotype gélatiné, selon la méthode de Baldus. Cette technique est fort bien décrite dans l’encyclopédie Roret (de Valicourt), et je n’en ai modifié que la concentration du révélateur, pour le renforcer, car Baldus, dans le concentré de son traité de mai 1852 décrivant sa technique lors de la mission héliographique, préconisait l’emploi d’une solution saturée d’acide gallique. Ce procédé est un peu plus rapide que les procédés sur papier ciré ou albuminé.
Après avoir essayé un certain nombre de papiers, lesquels rougissaient en profondeur sous l’effet du révélateur, j’ai adopté un papier layout, le « Marker » de chez Canson. Ce dernier est un papier barrière conçu pour l’utilisation avec des feutres à alcool, et les produits ne peuvent le pénétrer en profondeur.
On fait gonfler de la gélatine photographique dans de l’eau froide pendant une quinzaine de minutes :
eau déminéralisée 500 cc
gélatine 10 g.
On fait ensuite fondre cette gélatine en prenant soin de ne pas dépasser 50 °C, puis on y ajoute :
iodure de potasse 5 g.
Dès à présent de l’iodure d’argent va être créé, et il convient de travailler en éclairage de laboratoire jaune. On mélange à l’aide d’un agitateur en verre, et on ajoute peu à peu 25 ml d’une solution d’acéto-nitrate préalablement préparée selon la formule suivante :
eau déminéralisée 100 cc
nitrate d’argent 6 g
acide acétique cristallisable 12 g, soit 11,5 cc, ou encore 16 cc d’acide à 60 °.
On peut considérer que l’acide acétique cristallisable est pur à 99 %, et faire un petit calcul pour utiliser un acide à 60 % ou 80 %. Attention à la contenance de votre flacon, ça a vite fait de la dépasser.
On mélange, et le liquide jaunit et se trouble. On le laisse à la chaleur tout en le mélangeant pendant une dizaine de minutes.
Porter alors dans une cuvette chauffée au bain-marie, et déposer une feuille de papier à sa surface en évitant les bulles d’air (la déposer en la tenant par deux coins diamétralement opposés, la diagonale touchant en premier le liquide).
On la laisse flotter sur le bain environ 5 minutes, jusqu’à ce qu'elle présente une surface plane, puis on la suspend par un coin pour séchage. Il faut penser à essuyer la goutte qui se forme, l’excès de matière provoquant une précipitation argentique. On traite une nouvelle feuille, et ainsi de suite, car le mélange ne se conserve pas. Si vous travaillez en appartement, et que vous avez un séchoir à linge au-dessus de votre baignoire, vous pouvez l’utiliser en prenant soin de remplir cette dernière.
Après séchage des feuilles, vous videz la baignoire et la lavez à l’eau chaude. La gélatine se lave très facilement si vous ne laissez pas les taches sécher.
Après leur séchage, on plonge entièrement chaque feuille individuellement pendant 5 minutes environ dans le bain ioduré suivant (commencer par tremper le côté encollé, la retourner, et la plonger entièrement. Se méfier des bulles d’air) :
eau déminéralisée 500 cc
iodure de potasse 5 g.
On les sèche de nouveau, sans omettre d’essuyer la goutte qui se forme. Les feuilles préparées peuvent être conservées quelque temps à l’abri de la lumière et de l’air (les serrer dans une pochette photo et son plastique noir). Le bain d’ioduration se conserve un peu au réfrigérateur, mais il a absorbé des particules organiques, et il faut le jeter rapidement.
Préparer en lumière inactinique la solution qui suit :
eau déminéralisée 500 cc
nitrate d’argent 35 g
acide acétique cristallisable 40 g, soit 38 cc, ou 55 cc d’acide à 60 °.
Ici encore, la feuille doit être complètement immergée dans le bain sensibilisateur. Afin de conserver sa clarté au bain, il est possible de lui ajouter un peu de kaolin. Un bain neuf fonctionnera mieux s’il est additionné de quelques gouttes du bain ioduré qui a servi à la préparation du papier. Dès que la feuille aura changé de couleur il faudra la rincer. En éclairage jaune, on ne voit pas toujours cette différence de teinte. J’ai pris l’habitude de sensibiliser 2 minutes sans me soucier de la couleur de la feuille, puis de la rincer successivement dans deux cuvettes d'eau déminéralisée. L'eau de la première cuvette sera conservée pour être ajoutée au révélateur. Sécher les feuilles par suspension, et essuyer la goutte qui se forme.
Les feuilles sensibilisées ou exposées se conservent quelques jours. On peut également les surgeler pour prolonger leur conservation.
Les papiers répondent bien aux critères définis par Edward Weston et Ansel Adams. Il faut exposer pour les ombres et développer pour les lumières. La sensibilité du système à la température de développement est très grande. Le papier gélatiné Baldus est le plus rapide des papiers de prise de vue à sec ; sa sensibilité est fonction de la composition chimique du papier. En été, au soleil, on peut obtenir des images en posant de 30 à 60 secondes à f/5.6, mais le temps optimal avec le papier que j'utilise me semble être de 2 minutes.
On prépare une solution saturée d'acide gallique (4 g/l). Ce produit ne se conserve pas en solution acqueuse, vous devez donc en préparer le strict nécessaire. Le révélateur est additionné d’une petite quantité de la première eau de lavage utilisée lors de la sensibilisation. Ne pas ajouter d’acéto-nitrique utilisé pour la sensibilisation, car il est trop concentré. Utilisez des gants à usage unique, et jetez les après chaque usage sous peine de voir des marques sur le calotype. Chaque usage signifie chaque fois que vous regardez où en est le développement, et vous allez donc en utiliser un certain nombre, car vous devez vérifier votre négatif par transparence, et non par réflexion ; lorsqu’il semble bon par réflexion, il n’est pas encore assez contrasté.
On met dans une cuvette la quantité suffisante de révélateur pour développer l’image (250 cc pour un 13x18 cm dans une cuvette pour 13x18 cm), et on y plonge l’épreuve. Le développement s’effectue en agitation constante. Si la température du bain et l’exposition sont corrects, l’image vient en 25 à 120 minutes. Ces temps sont ceux qui correspondent à un contraste important, nécessaire pour tirer le phototype par des procédés anciens. On peut surexposer et sous développer pour obtenir un contraste plus faible, qui permet d’utiliser des papiers industriels au gélatino-bromure.
Laver à l’eau courante deux heures.
Fixer dans la solution suivante pendant 20 minutes :
chlorure d’ammonium 50 g
hyposulfite de soude 300 g
ammoniaque 5 cc
eau qui suffit pour 1 litre.
Passer 5 minutes à l’Hypo Clearing Kodak ™.
Laver à l’eau courante deux heures.
Séchez votre calotype.